Témoignage d'une documentaliste en lycée
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Témoignage d'une documentaliste en lycée
Je suis documentaliste en lycée, et ces dernières semaines mon proviseur m’a convoqué pour, m’a-t-il dit, me confier « une mission ».
Il a reçu 2 courriers de l’Inspecteur d’académie, un de fin novembre, et un de début janvier. Dans le premier, l’Inspecteur vante « le programme important d’offre d’apprentissage de la langue française à l’intention des étrangers en situation régulière » mis en place par le Préfet du Rhône. Il dit qu’il faut que les parents soient informés de l’offre et « convaincus de leur intérêt à l’accepter » et poursuit « Nous devons donc participer à la diffusion de cette information et en dialoguer avec les parents d’élèves concernés… notamment les mères récemment arrivées.. ». Il est question d’interprètes qui pourront intervenir et seront payés pour. L’Inspecteur demande aux chefs d’établissement d’engager l’information des parents concernés. Dans le 2ème courrier, l’Inspecteur demande aux chefs d’établissement de « recenser les besoins nécessaires » en matière d’interprétariat…
C’est suite à tout cela que Monsieur le Proviseur me demande :
1/ de me procurer les brochures d’information de la Préfecture et de les diffuser (« Pour mieux vous intégrer, apprenez le français.. »).
2/ de recenser le besoins en interprètes…
J’explique à mon proviseur qu’il n’entre pas dans mes missions de relayer la politique gouvernementale en matière d’immigration, puisqu'on on sait que toutes ces questions d’intégration, dont la maîtrise de la langue française, figurent dans les nouvelles lois comme conditions à la délivrance des premières cartes de résident (L314.2 du Ceseda). Je lui explique aussi que je me vois mal en train de recenser et finalement stigmatiser parmi les élèves ceux qui ont des parents étrangers, puis ceux qui ont des parents en situation régulière à l’exception des autres, puis ceux dont les parents en situation régulière ne parlent pas bien le français… Enfin, si l’éducation des enfants est bien de mon ressort, ce n’est pas le cas de l’éducation des parents… Bref, je lui fais bien comprendre qu’il ne pourra pas compter sur moi pour sa nouvelle mission !
Je passe sur les réponses comme quoi je n’ai pas à me poser de questions ni à réfléchir, mais à obéir…
Voilà comment l’Education Nationale pourrait bien, si nous n’y prenions garde, devenir une caisse de résonance pour le ministre Hortefeux. Après l’encouragement à la délation dans les administrations pour chasser les sans-papiers, voilà l’autre versant avec l’enrôlement des enseignants dans la « politique d’intégration républicaine » des immigrés choisis !
Soyons nombreux à refuser de cautionner l’un et l’autre versant de cette politique qui ne respecte rien de la volonté des hommes, femmes, et enfants, qui se sont réfugiés en France pour exister et tenter de vivre mieux, tout simplement, ou pour toutes sortes de considérations liées à leur vie familiale ou privée qu'il ne nous appartient pas de juger !
Michèle François
PS : Je suis bien d'accord pour que des structures adaptées (avec des profs formés pour) aident les immigré(e)s à apprendre la langue française, mais quand ils et elles en ressentiront le besoin, et pas dans le cadre d'une obligation édictée par la législation pour obtenir une carte de séjour!..
Enfin, j'aimerais bien savoir si d'autres enseignants ont été sollicités comme moi...
Source :
http://metiersdufle.zeblog.com/291189-l-affaire-du-rhone-la-position-des-organismes-de-formation
Il a reçu 2 courriers de l’Inspecteur d’académie, un de fin novembre, et un de début janvier. Dans le premier, l’Inspecteur vante « le programme important d’offre d’apprentissage de la langue française à l’intention des étrangers en situation régulière » mis en place par le Préfet du Rhône. Il dit qu’il faut que les parents soient informés de l’offre et « convaincus de leur intérêt à l’accepter » et poursuit « Nous devons donc participer à la diffusion de cette information et en dialoguer avec les parents d’élèves concernés… notamment les mères récemment arrivées.. ». Il est question d’interprètes qui pourront intervenir et seront payés pour. L’Inspecteur demande aux chefs d’établissement d’engager l’information des parents concernés. Dans le 2ème courrier, l’Inspecteur demande aux chefs d’établissement de « recenser les besoins nécessaires » en matière d’interprétariat…
C’est suite à tout cela que Monsieur le Proviseur me demande :
1/ de me procurer les brochures d’information de la Préfecture et de les diffuser (« Pour mieux vous intégrer, apprenez le français.. »).
2/ de recenser le besoins en interprètes…
J’explique à mon proviseur qu’il n’entre pas dans mes missions de relayer la politique gouvernementale en matière d’immigration, puisqu'on on sait que toutes ces questions d’intégration, dont la maîtrise de la langue française, figurent dans les nouvelles lois comme conditions à la délivrance des premières cartes de résident (L314.2 du Ceseda). Je lui explique aussi que je me vois mal en train de recenser et finalement stigmatiser parmi les élèves ceux qui ont des parents étrangers, puis ceux qui ont des parents en situation régulière à l’exception des autres, puis ceux dont les parents en situation régulière ne parlent pas bien le français… Enfin, si l’éducation des enfants est bien de mon ressort, ce n’est pas le cas de l’éducation des parents… Bref, je lui fais bien comprendre qu’il ne pourra pas compter sur moi pour sa nouvelle mission !
Je passe sur les réponses comme quoi je n’ai pas à me poser de questions ni à réfléchir, mais à obéir…
Voilà comment l’Education Nationale pourrait bien, si nous n’y prenions garde, devenir une caisse de résonance pour le ministre Hortefeux. Après l’encouragement à la délation dans les administrations pour chasser les sans-papiers, voilà l’autre versant avec l’enrôlement des enseignants dans la « politique d’intégration républicaine » des immigrés choisis !
Soyons nombreux à refuser de cautionner l’un et l’autre versant de cette politique qui ne respecte rien de la volonté des hommes, femmes, et enfants, qui se sont réfugiés en France pour exister et tenter de vivre mieux, tout simplement, ou pour toutes sortes de considérations liées à leur vie familiale ou privée qu'il ne nous appartient pas de juger !
Michèle François
PS : Je suis bien d'accord pour que des structures adaptées (avec des profs formés pour) aident les immigré(e)s à apprendre la langue française, mais quand ils et elles en ressentiront le besoin, et pas dans le cadre d'une obligation édictée par la législation pour obtenir une carte de séjour!..
Enfin, j'aimerais bien savoir si d'autres enseignants ont été sollicités comme moi...
Source :
http://metiersdufle.zeblog.com/291189-l-affaire-du-rhone-la-position-des-organismes-de-formation
Barbara- Messages : 4
Date d'inscription : 26/01/2008
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